Préalable : L’architecture, l’aménagement du cadre de vie (bâti, urbain, paysager) sont laissés à l’appréciation des « candidats à la construction » comme si les sites internet, les logiciels 3D suffisaient à eux seuls pour permettre la production de projets d’aménagement ou de construction de qualité. L’architecture, l’architecte (tout comme l’urbanisme et l’urbaniste) doivent être remis au centre de l’aménagement de la cité comme cela fut le cas dans les siècles précédents. Cette thématique relevait d’une culture partagée, d’un enseignement transversal.
L’architecture sans architecte viendrait à considérer :
– la santé publique sans médecin,
– la justice sans juge et avocat,
– l’enseignement sans enseignant, …
En conservant cette image, que dirions-nous si nous instaurerions des services publics à deux vitesses :
– consultation d’un médecin diplômé non obligatoire pour des pathologies bénignes,
– intervention devant la justice (tribunal, juge, …) non obligatoire pour les délits mineurs en espérant que les parties trouvent un accord,
– intervention d’enseignants diplômés non obligatoire pour l’école primaire ou non obligatoire pour certaines matières,
– …
Telle est la pratique pour l’architecture en France aujourd’hui : il existe une architecture à deux vitesses :
– Une architecture qui mérite l’attention de l’Etat (service des STAP) dans les espaces classés, et aucune dans le reste du territoire,
– Une architecture réfléchie, étudiée, partagée entre un professionnel et un candidat à la construction au-delà de 170m2 et une architecture (dé)laissée aux porteurs de projets complétement démunis.
Bref il existe bien une architecture à deux vitesses.
Face à ce constat les CAUE ont une mission essentielle, indispensable, mais tellement méconnue…
Les CAUE : garant d’une architecture au service des territoires
L’architecte au service du territoire c’est l’essence même des CAUE (Conseil d’Architecture d’Urbanisme et d’Environnement) qui disposent d’une richesse unique : des équipes pluridisciplinaires associant urbanistes, architectes, paysagistes, voir sociologues pour certains. Les CAUE sont des organismes trop méconnus pour le public et même pour certains élus.
Pour les élus, les candidats à la construction, les enseignants, les scolaires, les CAUE sont les garants d’une diffusion de cette culture de l’aménagement et de la construction de manière neutre, désintéressée de tout lobbying et détachée du contexte marchand.
Le réseau des CAUE constitue la meilleure réponse aux territoires pour proposer des conseils, interventions adaptés à chaque spécificité de nos départements. L’intervention d’un architecte conseil du CAUE sera volontairement différente selon les départements. Elle sera adaptée à la particularité du territoire.
Les CAUE conseillent gratuitement les personnes désirant construire ou rénover leur habitat. Ils le font en fonction de l’histoire du site, de sa géographie, des attentes des élus et autres acteurs, … ils le font également en lien avec les architectes professionnels. Il est à noter que des architectes libéraux viennent consulter les CAUE pour connaître les particularités des territoires.
A l’heure où la centralisation reprend le dessus sur la décentralisation, les CAUE et leurs architectes / urbanistes / paysagistes sont une réponse à une stratégie d’aménagement des territoires respectueuses des usagers, des habitants et des cultures locales.
L’architecture et l’aménagement des territoires de montagne ne peuvent pas et ne doivent être les mêmes que celles du littoral. Les CAUE et leur pratique reconnue de la concertation sont les garants du respect des territoires ruraux et urbains.
Alors Mesdames et Messieurs les parlementaires, et autres élus, conservez ces objets atypiques mais essentiels que sont les CAUEs et leurs équipes pluridisciplinaires.
Alain MARS, Directeur du CAUE 05