L’architecte au service… de qui exactement ?

- par Humbert David, architecte. L'architecte au service des territoires

L’architecte au service… de qui exactement ? Des territoires évidemment, des élus sans doute, des techniciens assurément et des usagers surtout. Mais pour nous « mettre au service de », il nous faut d’abord retrouver la confiance de nos interlocuteurs. Trop souvent la défiance est de mise. Soyons caricaturaux: la maîtrise d’ouvrage cherche à nous pressuriser au maximum pour gagner deux euros d’économies quand de l’autre côté les services et les élus se disent parfois qu’ils aimeraient bien ne pas s’embarrasser de ces créatifs égotiques que nous sommes. Et c’est sans parler de la méfiance croissante que nous pouvons concevoir à l’égard des grands groupes qui de plus en plus font la ville à coups de smart city et de services globaux. Nous sommes tous acteurs de la ville. Comment transformer ces énergies côte à côte en intelligence collective?

Quelques pistes centrées sur l’évolution de la commande publique :
– Anticiper et penser le temps long : plutôt que 5 études qui s’enchaînent sur un même projet mais se périment faute de mise en œuvre, pourquoi ne pas généraliser la pratique des contrats cadres qui installent la relation MOE / MOA dans la durée et dans une relation de partenariat plutôt que d’exécutant ?

– Travailler des cahiers des programmes sous forme d’objectifs plutôt que de contraintes et laisser libre cours à la créativité des maîtres d’œuvre pour les atteindre. Et cela vaut également pour les urbanistes en chef que nous sommes!

– Arrêter l’hypocrisie financière en ce qui concerne les études urbaines : elles sont budgétisées au même titre que toute dépense publique. Rendons ce budget officiel dans les appels d’offres et trouvons les solutions adéquates dans le cadre qui nous est donné plutôt que de jouer aux devinettes.

– Donnons nous les moyens de travailler en cessant de saucissonner les commandes : l’approche urbaine nécessite une vision globale et transversale. Elle demande du temps également. Et des possibilités d’adaptation au territoire rencontré, aux enjeux et contraintes non anticipables.

– Élargissons le cercle des parties prenantes aux études et projets urbains, pas contre les grands groupes d’ingénierie, mais avec eux. Nous n’aurons jamais leurs moyens mais si les collectivités nous en offrent la possibilité, nous pouvons débattre et trouver ensemble des équilibres autres.

– Donnons nous ensemble les moyens de retrouver un lien de confiance avec les habitants en proposant de vraies démarche de co-construction : espaces disponibles pour des projets participatifs, temps laissés à une vraie concertation au-delà de la simple information…

En bref, militons pour une vision mieux partagée, pour une co-élaboration des projets. C’est ainsi que nous rendrons véritablement service aux territoires.

 

 Humbert David, architecte

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>