La technologie dans l’habitat, pour quel usager ?

- par Atelier Thierry Roche et Associés. L'architecture un investissement d'avenir

Les mutations profondes, qui bouleversent la pratique architecturale depuis quinze ans, sont corrélées à un nouveau rôle attribué à l’architecte. Ces attributions sont directement liées à l’émergence de l’urbanisme et à la mise en lumière des composantes sociales et politiques des missions de l’architecte. Ceci imprime de facto une responsabilité morale de l’Architecte en raison même du caractère d’intérêt public de l’Architecture.

Dans sa définition,  cet intérêt est corrélé à une inscription dans un contexte et à une bienveillance vis-à-vis des composantes de ce contexte (1). Ainsi, dès l’origine, la dimension d’attention à l’environnement est une des prérogatives de l’architecte. Le nouveau regard porté à l’environnement devient ainsi de la responsabilité de l’architecte. Il en résulte que l’architecte devient le garant d’une maitrise de l’environnement. Ce nouveau rôle ambigu se construit sur des  attentes distinctes et différentes de la part de chacun des participants du fait architectural. Aux yeux de l’usager, il est le garant de la gestion globale du territoire, de la valeur de son cadre de vie. C’est-à-dire que l’architecte devient le garant du fait politique auprès des usagers. Et, en même temps, l’architecte est pensé comme le garant de la bonne pratique des espaces créés, donc des usagers pour les intérêts collectifs et politiques.

Pour mener à bien le versant environnementaliste de la pratique sociale, une transformation de l’approche du fait bâti a été mise en jeu, depuis le milieu des années 90, afin que l’architecture « environnementale » ne soit plus l’apanage d’un groupe marginalisé, mais une approche généralisée.

Cette modification de l’approche a induit une production de bâtiments où se sont affichés les marqueurs nécessaires à la reconnaissance d’une architecture ouvertement environnementaliste : exhiber pour exister. Deux démarches distinctes liées à la monstrance ont émergé.

Un premier volet porte sur la nature des matériaux mis en œuvre. L’accent est mis sur leur provenance. Ce pan de l’architecture trouve ses origines dans deux faits distincts en cascade. C’est en premier lieu, une approche marginale issue d’une recherche anti consumériste, liée à la fois aux bouleversements sociétaux de la fin des années 60 et crises énergétiques des années 70. Et en second lieu, les courants intellectuels de la fin du XIXe siècle, qui ont récolté et noté les manifestations des arts et traditions populaires. Ce fait ayant conduit à faire passer une réalité bâtie commune, vernaculaire, comme manifestation de l’Architecture.
Un second volet porte sur la technologie mise en place. Cette technologie répond à deux objectifs en vue de rendre le bâti indépendant énergétiquement. Elle s’exprime soit par les technologies de production, soit par les technologies conduisant à l’économie. Ce second volet inscrit ainsi l’architecture (phénomène statique) dans une histoire autre que la sienne, qui porte sur la machine comme moyen d’amélioration du confort. Cette inscription dans une culture techniciste permet aussi d’inclure des références « classiques » et de faire sienne la  « machine à habiter ». On note la mutation en acte, où le fait mécanique passe du statut d’ « accessoire » du fait bâti, à celui d’ « essence » de ce même fait. Ainsi vue, l’Architecture n’est plus seulement décrite dans les planches du tome I, mais l’héritière de toute la démarche en œuvre dans l’Encyclopédie du siècle des Lumières.

La première vague du « style environnementaliste » est révolue. Mais  les deux approches sont toujours présentes, soit conjointement, soit séparément. La performance recherchée n’est plus un critère à afficher sur la façade, mais est un des marqueurs de l’élaboration du projet d’architecture. Cette performance trouve son pendant dans les réglementations thermiques où sont décrites des exigences de résultats (2).

La technologie dans l’habitat, pour quel usager ?
La technologie mise en place dans le cadre de vie prend une place grandissante. Issue de la « non aliénation », elle prétend maintenant faire « à la place de ». Cette démarche conduit à la production d’espaces sensibles à l’activité. Ce ne sont plus simplement les sens de l’usager qui sont sollicités à réagir, mais les capteurs de l’environnement bâti qui sont sommés de répondre à l’usage qui s’inscrit dans son enveloppe.

Dans cette approche, la technicité anticipe les réactions des usagers et agit. Cette forme d’intelligence permet le maintien d’un confort, sans même que soit mis en place un schéma de prise de décision « classique » : ayant défini un niveau de confort de référence, la mise en déséquilibre de ce niveau devient perceptible lorsque l’on atteint un niveau d’inconfort. C’est à ce niveau d’inconfort qu’une réponse est donnée, car c’est lui qui stimule. Dans l’approche d’un environnement intelligent, le confort se construit sur des chiffres où les limites de la zone de confort sont balisées. L’action corrective se met en place avant que les limites ne soient atteintes. Par cette approche, les zones d’inconfort disparaissent. Par cette approche les stimulations disparaissent et la notion de confort devient un phénomène qui n’est plus régi par une conscience et une action. Il s’agit de capteurs thermiques qui régulent la température en fonction de l’occupation, mais aussi de capteurs de luminosité et de présence qui adaptent la lumière à l’activité et à l’ensoleillement, etc. Puis tous ces paramètres sont croisés selon l’influence d’un facteur sur l’autre. Par exemple, les stores électriques vont se baisser en journée pour éviter la surchauffe du logement par le rayonnement solaire. Ce type d’« intelligence » des systèmes intègre tous les éléments du bâtiment mais aussi des équipements (appareils électroménager, voiture, etc.)
S’interroger sur l’architecture et son inscription dans l’environnement, donc sur le rôle de l’architecte, remet bien l’usager au cœur des problématiques. Pour quel usager construisons-nous ?

Quelle maitrise de l’habitat par l’habitant ?
Il existe une aspiration vers cette satisfaction immédiate rendue possible et accessible. Cette tendance conduit à construire un cadre de vie qui soit parfaitement adapté à l’usager, mais qui ne soit plus envisageable par lui. La technicité complète de cette machine à habiter devient un fait sur lequel l’usager a une perception de plus en plus fragmentaire. Le continuum apparent qui se construit entre tous les facteurs de maitrise, cache une réalité de plus en plus invisible ou plutôt imperceptible. Et la valeur du continuum compose un tout, dont l’isolement des parties n’est plus possible par l’usager. Il y a là, la construction d’un éloignement entre l’usager et son cadre de vie, au profit d’une hyper adaptation de celui-ci à l’usage (et à l’usager).

L’ensemble des dispositifs techniques des bâtiments ne sont accessibles que par une interface. Cette interface, pour l’usager, tend à devenir unique. Chaque acteur de la technisation de l’environnement domestique compose pour son domaine de compétence une interface propre. Celle destinée à l’usager fait le lien sur un support unique avec l’ensemble des composantes. La mise en place d’une stratification aigüe éloigne l’usager, rédigeant un cycle long (non pas en termes de durée, mais en termes d’enchevêtrement) de l’action à la réaction. De facto, les choix de l’usager  n’en sont plus, mais deviennent des alternatives préprogrammées, et, ses intentions et interventions, se trouvent-elles aussi enfermées dans les limites imprimées originellement. L’usager (la ménagère) perd son rôle d’acteur de son cadre de vie. Il ne connait plus la totalité des systèmes qui composent son cadre de vie, car leur autorégulation les rend invisibles ; et la technicité accrue rend indispensable le recours au spécialiste pour tout dysfonctionnement. Par analogie avec le monde de l’automobile, le garagiste n’ouvre plus le capot de la voiture pour trouver une panne, mais recours à un ordinateur qui va lui indiquer la défaillance.

Cette démarche renforce une forme d’ambigüité du Hipster (post-bio-bio). D’un côté, il y a la nécessité d’une immédiateté de la satisfaction d’un besoin, le tout « tout de suite » ; et de l’autre se met en place une illusion du « JE » peux tout faire. Ne pas savoir changer une ampoule, mais tricoter un pull en jacquard. Le cadre de vie est une technicité que l’on ne souhaite plus connaitre, mais en parallèle, des actes simples du quotidien sont repris, et intégrés comme une astreinte démonstrative. Il ne s’agira plus de réaliser une action, mais de montrer que l’on fait une action qui participe d’une démarche globale. Par exemple, en transformant le confiturier acheté chez Emmaüs en meuble télé, je ne montre pas mes compétences d’ébéniste du dimanche, mais mon engagement, au travers de la seconde vie apportée à ce meuble inadéquat, annihilant l’e-objet sans cesse renouvelé qui trône dessus.  A cette approche singulière et fragmentée, on peut comparer celle offerte par le Larousse ménager. Tous les champs affectant le cadre de vie doivent être compris, et l’usager peut intervenir sur chacun d’eux. Il n’y a aucune valeur ajoutée dans le traitement quotidien. Il y a une valeur usuelle.

« On induira dans cette qualification une valeur collatérale du retour aux sens. Greloter, transpirer, suffoquer. Avoir soif.
Il s’agit de retrouver une formulation de l’espace qui soit en adéquation avec ses usagers, à l’image de la ménagère d’une Paulette Bernège dont tous les éléments constitutifs de son foyer lui sont connus. Son foyer est défini comme un objet complexe dont il convient de maintenir un équilibre ; voire de l’orienter vers un (des) progrès qualifié(s) et quantifié(s).
La connaissance de ce qui constitue cet objet, des paramètres nécessaires à son équilibre, lui permet d’agir de façon adéquate. Elle peut pallier aux déficiences de son objet, soit par un rééquilibrage, soit par la substitution d’un élément par un autre, soit par la remise en ordre des éléments déficients. Ce mode d’usage de l’espace induit de mettre en place une matérialité qui soit appréhendable dans sa totalité. Cette valeur rejoint une conscience sociétale liée aux besoins propres. »

L’habitant comme maillon faible dans la gestion de l’habitat performant.
Le système global se construit sur la gestion de data. Chaque composante est analysée et intrinsèquement convertie de manière quantitative. Au travers de cette question pointe une interrogation fondamentale sur la nature humaine.

Pablo Casals, dans sa manière de jouer Bach, délivre une des clés de la passion de l’Homme inscrite dans cette musique. Son humanité, qui provoque le bouleversement des sentiments, se construit sur le travail nécessaire pour atteindre un but. Il ne joue pas les notes les unes après les autres dans le tempo imposé. Il rend visible le pas qui sépare la note inscrite par le compositeur de la fausse note, composant une tension qui exalte la valeur de l’humanité : le dépassement de la faillibilité possible.

L’hyper technicité du cadre de vie, par l’anticipation, vient masquer une potentialité d’échec dépassée, par une banalisation de ce dépassement. Dans les retours d’expériences de bâtiments performants, la défaillance met souvent en cause la manière dont est utilisé le bâtiment. Cette anomalie est souvent palliée par un nouveau dispositif ou bien par la mise en place d’un service. Il se met en place des adaptations des modes d’habiter dans ces nouveaux bâtiments, mais ces adaptations réduisent les choix des habitants. L’habitant délègue des responsabilités.

Au travers de l’analyse critique de la haute technicité dont est pourvu le cadre de vie, offrant un contexte réactif à l’usager, ce sont deux versants distincts qui se construisent.

D’une part, l’hyper-technicité du cadre de vie impose un usager qui se standardise, qui inscrit ses besoins dans des cases. La mise en place de l’appareillage de l’habitation devient un palliatif à l’action de l’homme. Ce logement techno-performant réinterroge une humanité connectée. Des problématiques de l’inscription accrue de l’homme dans son environnement émergent des questionnements sur l’extraction de l’homme des contingences liées à son milieu, ouvrant la voie au trans-humanisme. Dans un bâtiment performant (un bâtiment techniquement infaillible), il faut des habitants performants.

D’autre part, le caractère réactif de l’environnement et les moyens de sa perception interrogent sur la nécessité de la qualité intrinsèque du bâti au profit des modalités de sa perception. Cette approche paramétrée de l’environnement pose la question du virtuel et la réalité (voire nécessité) de la matérialité d’un espace.

« Il y a d’abord les utopies. Les utopies, ce sont les emplacements sans lieu réel. Ce sont les emplacements qui entretiennent avec l’espace réel de la société un rapport général d’analogie directe ou inversée. C’est la société elle-même perfectionnée ou c’est l’envers de la société, mais, de toute façon, ces utopies sont des espaces qui sont fondamentalement essentiellement irréels. »
Foucault M.,  « Des espaces autres (1967) Hétérotopies » in AMC, n°5, octobre 1984 pp. 46-49.

Performance d’usage.
Dans le discours lié à la production de bâtiments performants intervient la terminologie « performance d’usage ». Ce terme tend à avoir une occurrence accrue, liée à la production d’études en retour d’expérience de réalisations pour lesquelles les données sur plusieurs années deviennent significatives. On note que sous cette appellation, il y a deux concepts différents relatifs à l’appréciation du bâtiment.

La première notion est directement empruntée à l’économie de la fonctionnalité. La performance d’usage est mesurée en rapport à la performance théorique. Il s’agit de vérifier si, « à l’usage », les facteurs de performances techniques sont atteints. Cette performance s’établit sur un rapport entre une solution évaluée par le calcul avec un paramétrage standard, et sa mise en application in situ.
Dans le cadre de la réalisation de bâtiments, cette performance d’usage portera sur le respect des cibles chiffrées sur lesquelles le travail a été mené, incluant notamment la performance énergétique. Cette performance à l’usage, implique donc l’usager. En effet, les comportements de l’usager sont mis en regard des paramètres d’évaluation. (Par exemple la température de chauffe du logement, la bonne utilisation de la ventilation, etc…)

La seconde approche porte sur une évaluation du cadre de vie au regard de l’usage. Cette évaluation est conduite auprès des usagers. Il inclura des notions de confort, qui nécessairement feront appel aux performances techniques du cadre de vie, mais incluront une qualité subjective. C’est la satisfaction à l’usage qui est décryptée. Cette évaluation sortira de fait d’une échelle objective.

Dans les diverses sources qui abordent cette thématique, et notamment dans les approches synthétiques sur les retours d’expérience d’une architecture environnementale, la frontière entre les deux notions est laissée floue, car cette ambigüité procède d’une meilleurs adéquation à la cible, s’inscrivant dans un discours où les valeurs mesurables (liées aux process et techniques en œuvre) sont confrontées à un idéal (de vie). Dans l’ « Etude sur les performances environnementales des bâtiments » ce terme n’intervient qu’une fois. Il n’est pas explicité. Il est un marqueur dans un des graphiques de synthèses territoriales. Dans une analyse plus fine, seules deux régions intègrent un critère lié à l’usage dans leur étude : « qualité d’usage » et « performance d’usage, satisfaction, accessibilité, confort ». Dans les autres études, ces facteurs sont noyés dans une dénomination globale de « confort » ou « autre ». Mais là encore il y a réduction, car les champs d’explorations proposés pour définir le confort tendent à l’envisager sous un axe qui s’extrait de l’usage. (acoustique, visuel, olfactif). (3) Le label « La signature, l’ADN du bâtiment » intègre les critères de la performance d’usage liés à l’économie fonctionnelle, et des critères dénommés « Indicateurs d’usage (anthropique) ». Ces critères, bien qu’influant fortement sur le degré de satisfaction de l’usage, ne portent directement dessus.

Pour résoudre le problème lié à la compréhension de la notion de performance d’usage, il faut nécessairement recourir à une explication de l’angle de vue. Ainsi, pour bien rendre compte des qualités intrinsèques du bâti dans leur réception par l’usager, les descriptifs des interventions de la Biennale du logement durable de Grenoble, 2015 précisent le propos.

« Un nouveau cadre de vie attendu (urbanisme et bâtiments)
La ville durable sera – sans doute – constituée de bâtiments et d’espaces articulant une multiplicité de fonctions (travail, loisirs, vie quotidienne…) reliés par des modes de déplacement « doux » (vélo, transports en communs) ou par la simple proximité physique. Il s’agit de réaliser, au-delà des performances techniques, des bâtiments « sur-mesure » cohérents avec les besoins et pratiques des occupants (habitants, entreprises, visiteurs…) actuels mais aussi futurs. Cela induit alors d’intégrer en amont dans les réponses imaginées et les projets d’aménagement des enjeux d’adaptabilité, de réversibilité, de co-élaboration et coproduction de bâtiments.
Un bâtiment dit « durable » cherche à intégrer les questions énergétiques, certes, mais également la qualité de vie, la sécurité, les risques et la santé. Cette nouvelle approche nécessite de nouvelles compétences. […]
– Les nouveaux usages dans la mobilité. Sobriété dans les déplacements et modes alternatifs à la voiture : une utopie ?
– Les nouveaux usages dans l’habitat. Quelle définition de la qualité de vie / qualité d’espace par l’usager ? »

Les rapports du Grenelle relatif au secteur du bâtiment rendent compte aussi de la confusion. Dans un rapport intermédiaire, l’accent est mis sur l’usager, tandis que dans le rapport final, si les préoccupations sont encore évoquées, la finalité est celle de la compétitivité.

« Passer de l’obligation de moyens à l’obligation de résultats et à l’exigence de performance globale : il s’agit d’élargir le périmètre de la performance en termes d’acteurs et de préoccupations. Concernant les acteurs, l’innovation répond trop rarement à un besoin exprimé par les usagers du bâtiment et émane plutôt des fournisseurs de composants ou de systèmes. Contrairement à d’autres secteurs, l’innovation n’est pas systématiquement une réponse au marché. Une vision partielle du bâtiment favorise ce comportement : le bâtiment est vu comme un ouvrage technique et non comme un service rendu à un usager. Dès lors l’innovation est fréquemment une réponse technique à un problème technique. Les technologies sont au service de l’usager. Il s’agit en fait d’apporter des réponses globales à des besoins d’amélioration d’un service et de passer ainsi à la performance d’usage. S’agissant des préoccupations, il faut dès à présent élargir la notion de performance à l’ensemble des aspects qui représentent aujourd’hui un enjeu majeur : énergie mais aussi environnement et santé. Le confort se retrouve dans la performance d’usage. »
Leviers à l’innovation dans le secteur du bâtiment, Rapport intermédiaire – janvier 2011. p.3.

« Innover pour les utilisateurs : le bâtiment assure un service et répond aux besoins de ses utilisateurs.
L’utilisateur n’est pas suffisamment pris en compte dans la conception et la réalisation des bâtiments. L’innovation répond alors trop rarement à un besoin exprimé par les utilisateurs du bâtiment. Contrairement à d’autres secteurs, l’innovation n’est pas systématiquement une réponse au marché. Une vision partielle du sujet favorise ce comportement : le bâtiment est vu comme un ouvrage technique et non comme un service rendu à un usager. Dès lors l’innovation est fréquemment une réponse technique à un problème technique. Les technologies doivent être mises au service de l’utilisateur. Il s’agit en fait d’apporter des réponses économiques, sociales et environnementales à des besoins d’amélioration d’un service et de passer ainsi à la performance d’usage.
Innover dans le processus : gagner sur les coûts, la qualité, la performance et donc de la compétitivité.
Afin de passer d’une obligation de moyens à une exigence de résultats, le secteur du bâtiment doit évoluer d’un processus aujourd’hui séquentiel à un processus intégré. Il s’agit, pour l’ensemble des acteurs […] de favoriser des logiques de travail en commun et de mutualisation des compétences, à commencer par la conception partagée entre tous les acteurs du projet, à l’image du monde de l’automobile. L’enjeu se situe en termes de coûts et de qualité : fabrication des produits et conception des procédés, mise en œuvre en construction ou en réhabilitation, exploitation et maintenance, utilisation. Il s’agit aussi bien de performances énergétiques et d’usage, que de performance économique : les entreprises françaises du bâtiment doivent exploiter le gisement de compétitivité qui s’offre à eux. »
Plan bâtiment Grenelle, Leviers à l’innovation dans le secteur du bâtiment, Rapport final – septembre 2011. p.8.

Ainsi, aborder la notion de performance d’usage, c’est mettre en place un questionnement sur ces deux notions distinctes et complémentaires qui au final intéressent directement l’usager, car c’est au travers de cette performance (ces performances) que se construit le lien privilégié entre l’architecte et l’usager. En effet, l’usager souhaite acquérir un produit de consommation qui corresponde à ce qu’il a choisi sur le papier. Mais il souhaite aussi que la relation personnelle qui le lie au concepteur trouve son expression dans le cadre de vie.

En offrant un bâtiment dont les performances in situ confirment celles annoncées lors du montage du projet, l’architecte assure sont rôle de garant d’une qualité de l’architecture, qui permet de l’inscrire dans une réalité économique, dans le monde réel. En offrant un bâtiment qui soit parfaitement en adéquation avec l’usager, en lui offrant la plus-value qui ne soit pas une série de chiffre mais une qualité dans la manière d’habiter, qui fait la véritable spécificité de l’architecte, il se reconnecte avec le monde auquel il prétend construire un cadre de vie.

 

Atelier Thierry Roche et Associés

 

Notes :
1) Art 1. Loi n° 77-2 du 3 Janvier 1977
2) « La réglementation thermique 2012 est avant tout une réglementation d’objectifs  et  comporte :
– 3 exigences de résultats : besoin bioclimatique, consommation d’énergie primaire, confort en été.
– Quelques exigences de moyens, limitées au strict nécessaire, pour refléter la volonté affirmée de faire pénétrer significativement une pratique (affichage des consommations par exemple). »
Présentation de la RT 2012 sur le site www.rt-batiment.fr
3) Association HQE, Etude sur les performances environnementales des bâtiments : pratiques territoriales et éco-conditionnalités. Synthèse Nationale, Paris, juin 2014.

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