Construire mieux, plus, et de manière pérenne !

- par Le Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Île-de-France. L'architecture un investissement d'avenir

Avec un million de mal-logés en Île-de-France, résoudre la crise du logement est une urgence. Mais l’objectif des pouvoirs publics de construire 70 000 logements par an se heurte à des obstacles de tous ordres : coût du foncier, coût de la construction, durée des opérations ou multiplication des normes… Mais aussi réticence des riverains et des élus vis-à-vis du logement social et de la densité, pas toujours bien comprise et souvent perçue de façon négative.

Cette crise n’est pas seulement quantitative, elle est aussi qualitative.

En effet, malgré l’amélioration réelle de ses équipements, de son accessibilité et de ses performances énergétiques, la qualité de l’habitat et sa capacité à évoluer sont limitées par une conception devenue stéréotypée et trop normalisée.

Une partie du parc de logements récents est déjà obsolète et mal adaptée aux besoins d’aujourd’hui, avec des surfaces trop petites notamment. En quinze ans, les logements ont perdu en surface l’équivalent d’une pièce ! En voulant faire des économies à court terme, on sacrifie la qualité d’usage et le niveau des prestations.

Cet état de fait porte en germe le mal de vivre de demain et annonce les futures copropriétés dégradées au coût social inacceptable. Poursuivre dans cette voie conduit à une impasse.

En sortant du cadre public, la conception du logement social s’est fragilisée et a quitté le terrain de l’innovation qu’elle occupait traditionnellement.

La pratique massive des VEFA met à mal l’élan collectif qui portait hier le logement social, et se traduit directement par une baisse importante du nombre de logements construits. La procédure de conception-réalisation, en attachant les architectes aux entreprises de construction, fragilise la prise en compte de l’intérêt public, dont la loi leur a pourtant expressément confié la responsabilité.

Le logement est un enjeu social majeur et les citoyens ont besoin d’une maîtrise d’ouvrage publique forte pour le soutenir et d’un Etat qui s’engage. Ils ont besoin que l’on construise plus et mieux, en actionnant tous les leviers et en agissant sur toute la chaîne de production.

Pour réduire les délais et les coûts de la construction de logement de façon pérenne, la clef est politique : des mesures doivent être prises pour mettre fin aux opérations de pure spéculation, sur le foncier notamment. Il est également primordial d’orienter les incitations fiscales là où sont les vrais besoins et de déconnecter une partie de la surface des logements de la solvabilité des ménages. Il faut agir contre la prolifération de normes qui affaiblissent le projet et la juste réponse à chaque situation. Enfin, il faut intervenir sur les modes de production des opérateurs du logement, pour ne pas abandonner les décisions à la seule logique « du produit logement ».

Tout doit être fait pour ne pas laisser l’espace de vie des habitants devenir une variable d’ajustement en temps de crise. La société a besoin de solutions pertinentes pour se loger: elle a besoin d’architecture.

Tirer les leçons du passé est une responsabilité collective. Le coût social et financier d’un habitat mal adapté est exorbitant, en termes de gestion, mais aussi en termes de lien social, d’emplois, de santé publique… Nous sommes tous responsables d’un habitat et d’une ville durables. Construire un habitat pérenne, c’est prendre en compte la mutation des modes de vie. Aujourd’hui, la cohabitation intergénérationnelle, les ruptures de parcours familial, la révolution du numérique, qui refait du logement un lieu d’activité, les mobilités, créent un besoin d’adaptation et de flexibilité de l’habitat. Demain d’autres évolutions sont à prévoir.

Enfin, il faut insister sur l’enjeu considérable que représente la transition écologique du patrimoine bâti existant, enjeu à la fois social, technique, économique et architectural. Cet objectif doit s’accompagner impérativement d’une meilleure insertion urbaine et d’une réflexion pour rendre les logements mieux adaptés aux besoins des habitants.

Ensemble, mobilisons-nous et faisons du logement un bien commun pérenne.

Le Conseil régional de l’Ordre des architectes d’Île-de-France

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>